LIGER ET LAUER, le re-baptême malheureux

 

    Allez, autant le dire tout de suite, le LIGER antique n’est pas complètement la LOIRE actuelle et moderne que nous connaissons.

 

Le LIGER antique, c’est la Loire, depuis sa confluence avec l’Allier à son delta, plus l’Allier actuel.

Ptolémée et Strabon, César, les cartes et écrits moyenâgeux mentionnent tous ce LIGER comme passant devant Nemossos, l’actuelle Clermont-Ferrand.

 

Et le LAUER ? Un affluent du LIGER, connu notamment par sa mention faite dans ‘’la guerre des Gaules’’ de César.

 

 

    Strabon, est un historien et géographe contemporain de la guerre des Gaules.
    Dans ses textes, il ne parle ni de la Loire ni de l’Allier mais d’un fleuve qui se nommait : Le « LIGER ».
    Ce cours d’eau desservait le pays, du Sud au Nord ainsi qu’à l’Ouest de celui-ci par sa proximité avec d’autres fleuves qui le reliaient à l’océan.
    Livre IV ch. II.3 : C’est dans le voisinage du LIGER que sont établis les Arvernes.

                                 Ce fleuve baigne les murs de Nemossos, leur capitale, puis il passe à Cenabum (Orléans), principal emporium (marché) des Carnutes

                                 (Région de Chartres), dont l’emplacement marque à peu près le milieu de son cours, pour se diriger de là vers l’Océan où il se jette ».

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    Ptolémée, est un astronome, astrologue, mathématicien et géographe grec qui vécut à Alexandrie en Égypte. Il est également l’un des précurseurs de la géographie. Ces cartes et mentions faîtes concernent près de 8.000 références’’ étonnamment’’ (?) précises.
   Il a dessiné sur une carte le « Liger » DANS le bassin Clermontois.

   Il baigne les murs de Némossos exactement comme l’a décrit Strabon.

 

(carte de Ptolémée)

   Toutes les références du moyen-âge, de lieux, d’auteurs et d’époques différentes, quant elles mentionnaient le fleuve Allier clermontois, parlaient du LIGER.


   C’est Marcellin Boudet, historien Auvergnat, président de la cour de justice de Saint-Flour, qui va référencer des dizaines de ces textes et cartes et mettre en exergue le fait que ‘’l’Allier c’est la Loire, la Loire (pour son cours supérieur) c’est l’Allier’’. 

 

Alors que s’est-il passé ?
 
Il faut remonter à 1560.

 

   A cette époque, environ un siècle après l’invention de l’imprimerie, une des bases écrites pour apprendre le latin était ‘’De Bello Gallico’’ (la guerre des Gaules) de Jules César.


   Et nous retrouvons le Florentin Gabriel Siméoni, humaniste de la Renaissance, écrivain de langue française, italienne, latine, poète, historien, militaire et astrologue.

   Il est décrit comme ambitieux, inconstant, orgueilleux, il ne parvient pas à atteindre les objectifs qu’il s’était fixé ; il courtise sans succès les cours d’Europe et arrive à Clermont-Ferrand. 
   Guillaume Duprat, évêque de Clermont-Ferrand, le recrute pour un projet d’alimentation en eau de sa ville depuis celle de Royat.

   Siméoni prend le titre d’ingénieur, parcourt le pays auvergnat et commence la rédaction d’un ouvrage sur la Limagne (cf note de bas de page).
   Durant ses travaux, il trouve au pied d’une colline, au Sud de Clermont Ferrand, une ferme du nom attesté de « GIRGIA ».

   Pour lui c’était suffisant pour que la colline voisine soit « Gergovie » (mentionnée donc dans les textes de César).
   Il conclue, puisque c’est Gergovie, que le fleuve à ses pieds (qui en coule pourtant assez loin), c’est le LAEUR, les textes de César positionnant Gergovie sur ce cours d’eau.

 

   Il ne tiendra pas compte des très nombreuses descriptions de l’oppidum qui sont y faites, n’y même des textes et cartes du moyen-âge stipulant le LIGER.


   Les moines copistes reprendront cette appellation, ainsi que les générations suivantes de cartologues, géographes, etc. 

 

   Pendant environ encore un siècle, ces deux cours d’eaux vont régulièrement se confondre sur les cartes, avant que ne se rebaptisent définitivement, le LIGER clermontois et le LAUER, tels que nous les connaissons de nos jours.

 

 

   Si ces faits géographiques étaient reconnus de nos jours à leurs justes titres, l'histoire telle qu'elle nous est apprise, prendrait une toute autre orientation quant à la guerre des Gaules.

 

  

Il suffit d'une erreur, pour qu'une réalité se créée, mais combien de preuves faudrait-il pour qu'une vérité refasse loi.

 

 


Nb : Limagne, terme celte désignant une plaine boueuse.