UNE TERRE D'OPPIDA ... .

Le camp des Barrys (Saint Maurice de Lignon)

 

   En occitan, Barry signifie ‘’rempart’’.

   Le vaste plateau de Saint Maurice-de-Lignon est ceinturé par la Loire, le Lignon et le Ramel. A une altitude moyenne de 850 m, ses bords sont délimités par de profonds ravins.

   Au sud du plateau, jusque dans les années 53-54, un ensemble de 3 remparts concentriques faits de roches cyclopéennes était visible, ainsi que 2 axes pavés est-ouest (grand’ rue) et nord-sud. Ces fortifications seraient anhistoriques, c’est-à-dire impossible à préciser la date, elles ont pu être élevées par des peuples ligures ou celtiques.

   Une description faite avant destruction (pour empierrer la RN 88), précise des dimensions, de 800 m de long pour une largeur moyenne de 500 m.

   La partie sud était partagée d’est en ouest par d’épaisses murailles (6 à 10 pas) bien rectilignes, barrant le goulot à cet endroit, la défense est orientée pour bloquer les attaques de ce côté. Ces défenses sont elles-mêmes coupées d’un axe nord-sud.  

   Les espaces compartimentés entre ces remparts sont toujours recouverts de Buis bien alignés. Le buis est un arbuste rare à l’état sauvage, ce qui laisserait à penser qu’ils ont pu être plantés délibérément pour accentuer la défense.

   Au nord-ouest, des deux côtés de la grand’ rue, d’une largeur de 15 pas au moins, de plus petits compartimentages étaient visibles. Semés de pierres, ils ont pu être l’emplacement des habitats. Le lieu-dit portant le nom de champronde, serait-ce une indication d’une typologie d’habitats ?

   A l’ouest, se trouvait un réduit constitué de deux demi-lunes, ceints de murailles plus légères a pu être la zone de repli et dernier système de défense.

   Dans les années 50, cet espace demeurait-il suffisamment imposant pour que les paysans le nomment ‘’la citadelle’’; le lieu porte le nom de Laudadette ; évolution de langage, erreur de retranscription sur les anciennes cartes ??? La question demeure.

   Sur le point le plus élevé du promontoire, se trouve un éboulis important entouré lui aussi de buis. Emplacement présumé d’une enceinte sacrée.

 

 

   Antique enceinte fortifiée avant l’arrivée des romains, le camp des Barrys demeure connu comme ayant été un camp romain.

   Mais ni les dimensions, ni les matériaux utilisés ne semblent pouvoir correspondre.

   Les camps romains étaient des carrés ou rectangles de 80 à 150 m en moyenne et de construction légère n’utilisant pas des blocs cyclopéens.

 

   Se présentant comme un ouvrage en éperon barré, son organisation (remparts et axe coupant les défenses) présente des similitudes avec le camp d’Antoune à Salettes. Il est aussi à noter que le terme Barry n’est pas unique en Haute-Loire, nous pouvons retrouver également un éperon barré à Solignac-sur-Loire.

 

   Le plateau de Saint-Maurice-de-Lignon garde encore bien des secrets. Barrant des accès stratégiques, l’histoire locale, la mémoire locale, des faisceaux d’indices, le présentent comme candidat plus que probable à un important évènement de la guerre des Gaules.

   Mais permettez que nous préservions encore un peu le mystère.

 

 

 

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Mont Malorum (Bas-en-Basset)

 

   Cette commune est connue pour avoir été centre de production de poterie, d’importation et d’exportation, dès le IIIième siècle avant Jésus Christ.

   Sise dans une vallée représentant un axe de communication important structurant le territoire, certainement stratégique comme le laissent à penser les nombreuses constructions fortifiées sur cet axe édifiées au cours des siècles.

   Le mont Malorum occupe une position dominant cette vallée, la séparant du plateau de Craponne, il marquerait aussi une possible frontière Velaune/ségusiave. Sa position fait écho au site de Chamble-Essalois dans la Loire, 20 kilomètres en aval.

   Il se trouve distant de 2 kilomètres de la Loire moderne, il donne l’impression de s’avancer vers elle, délimité par de profonds ravins et des pentes fortes.

   Son sommet relativement plat permet une occupation du site estimée entre 4 et 6 hectares, dont la toponymie des lieux permettrait d’envisager ses limites. En effet, 6 lieux-dits entourent le site et sont formés sur les bases -randa ou -morga, liée à la notion de frontière, de limite : Garande, Chamarond, Randy, Duranton, Surands, Morand.

   Proche du sommet, un talus est clairement visible sur près de 80 mètres avant de fondre dans le paysage, c’est l’éperon qui barre le site.

   D’une hauteur moyenne de 2 à 3 mètres, en bord d’une longue pente (entre 25 et 35 %), il domine de 15 mètres le terrain en contrebas.

   Dans les sous-bois, des tranchées ont été repérées, témoins supposées d’une activité d’extraction minière de minéraux métallifères (zinc, plomb, goethite et limonite riche en fer).

   Les rares prospections ont livrée peu de matériaux, mais les éléments de mobilier retrouvés (fer de lances, monnaies, céramiques et amphores) permettent d’envisager son occupation vers la Tène finale (entre -150 et 30).

   Si la tempête de 1999 a érodé le site mettant à jour quelques fondations, la question demeure quant à la fonction du site : habitat, refuge, activité artisanale, ouvrage défensif ?

   Il est à noter que proche du site, le cadastre de 1841 mentionnait le lieu-dit de Briant, nom formé possiblement sur la base celtique de -Briga, relative aux hauteurs fortifiées.

   Le terme Malorum apparait comme une relatinisation tardive du nom originel donné par les sources les plus anciennes pour Maloroux.

 

   Dans la tradition locale, le mont Malorum a longtemps été le lieu où un bucher à l’occasion de la Saint Jean été dressé.

   Boudon Lashermes décrit dans son livre ‘’us et costumes du Velay’’ : ‘’2 longues processions de filles et de jeunes hommes vêtus de blanc (…) fredonnaient des chants rituels en grimpant (…). Au sommet, les 2 cortèges se mélaient , les couples se formaient et l’on dansait jusqu’à la nuit close (…) alors un grand feu était allumé’’.

   Les couples se rendaient ensuite sous le hameau de Montméat pour s’assoir sur les chaises des fées taillées dans la roche. Et continuaient à danser

   Cette tradition autour du solstice d’été se retrouvait sur plusieurs autres sites : mont Signon à Chaudeyrolles, a Durande à Saint-Jean-de-Nay, au Grand-Felletin à Saint Julien-Molhesabate, au Lizieux à Araules.

   Héritage de la fête celte de litha, célébration de l’apothéose de la lumière ?

  

Oppidum du Chirat Blanc

 

   Ah tiens ? A nouveau se retrouve le terme Barry… .

   Le suc du Barry, 1146m d’altitude, domine les vallées de la Cance et de la Nant où la présence humaine est attestée depuis plusieurs millénaires.

   Le site du Chirat Blanc doit son nom à la présence de nombreux rochers granitiques affleurants et les nombreux tas de pierres présents sur la partie nord du suc.

   Quoique situé en Ardèche, se territoire se situait dans le Velay antique.

   Le site a une superficie circulaire de 4 hectares environ, fortifiée sur la quasi-totalité de son pourtour, il est bordé au sud et à l’ouest par des falaises rocheuses.

   L’entrée du site à l’est est fermée par deux courtines renforcées par un double mur d’enceinte. Deux rampes d’accès y arrivent en oblique, l’une mène à l’enceinte supérieure. Deux autres passages sont visibles au sud de la courtine intérieure.

   Au centre de la partie sud, autour d’une barre rocheuse, se sont organisées potentiellement des habitats. De 70 à 100 ‘’cabanes’’ ont été identifiées. Très altérées, leurs formes apparaissent plutôt rondes, quoique des fouilles en 1916 mentionnent des formes arrondies, carrées ou rectangulaires.

 

   La géologie du site n’a pas permis de garder de nombreuses traces de mobiliers et d’occupation des lieux.

   Et pourtant, il est reconnu que la position de cet oppidum en fait un centre d’habitation et d’échanges commerciaux qui a par contre été occupé assez tardivement.

 

   En 1938, un article de journal précise que cette vallée de la Cance a été l’une des routes empruntées par les commerçants pour relier la vallée du Rhône au cours d’eau de la Loire moderne et pour rejoindre un autre oppidum très connu de l’histoire mais situé proche de Saint-Maurice-de-Lignon.

   Cette route dédoublée passait par Riotord d’une part rejoignant à Montfaucon-en-Velay la partie passant par Saint-Julien- Vocance puis Montregard.

 

 

 

  

Un petit espace fortifié en éperon barré près de Jax

 

    Un tout petit espace, moins d’un hectare, mais une situation intéressante ?

   César et Tite-Live mentionnent souvent ces petits camps fortifiés, castellum, toujours sur une position dominante et proches de voies de communication. Ils expliquent un double usage : un refuge autant qu’un poste de contrôle.

   Près de Fix-Saint-Geneys, un lieu-dit répond au nom du Chalat, toponyme raccroché à castellum. Fix serait lui-même issu du latin Fines (limite).

   Une limite entre le peuple Velaune et Arverne ?

   Le site se localise sur une petite pointe dominant le ruisseau du Breuil (tient ? encore un terme celtique issu de -ial, cf. section toponymes du Velay?) et tout proche de l’ancienne voie dite de la régordane, reliant Brioude au Puy.

   Elle se trouve barrée par une muraille totalement noyée dans la végétation, pourtant haute de 5 à 10 mètres.

   Jamais fouillé, quelques tessons ont été retrouvé dans la terre retournée par la faune, ce qui est cependant insuffisant pour estimer une datation.

  

Le camp d’Antoune

 

   A proximité de Salettes, un plateau basaltique s’élève à plus de 1.000 mètres et domine une vallée où coule la Loire moderne.

   Sur plus de 10 hectares, ce plateau garde des vestiges importants de son système défensif dont, au nord, un rempart majestueux en pierres sèches haut de 12 mètres barrant l’éperon et contrôlant l’accès après un premier rempart et un fossé.

   Cette enceinte n’est pas continue, le site ayant de hautes falaises jouant un rôle naturellement défensif.

   Au sud, un mur d’enceinte était également présent faisant face à une pente raide mais accessible.

   Au sud-est, des vestiges de soutènements en pierres sèches parcellent cet espace et pourraient correspondre à des chibottes (d’origine plus ancienne que le reste du site) ainsi qu’à un bastion ou une tour.

   D’autres traces d’empierrements aujourd’hui comblées témoignent de possibles aménagements et de l’occupation du site.

   Au nord-ouest, le rempart s’interrompt brutalement. En 1911 et les années suivantes, Boudon Lashermes considérait cet espace comme bastonné. Les fouilles non documentées qu’il a menée, ont livré différents artefacts qui se sont évanouis depuis… .

   Un décapage moderne de ce secteur à mis à jour des parements en gros blocs basaltiques s’appuyant sur plusieurs assises, ce qui permet aux archéologues de penser ce secteur comme une entrée monumentale (destinée à en imposer aux passants).

   Le plateau est difficile à fouiller, la roche est vite présente et le secteur envahi par une végétation récente, inexistante dans les années 50, arbustes, buis, ronces. Les bergers avaient pour habitude d’y garder leurs troupeaux.

   Des vestiges de structures quadrangulaires ont été découvertes, mais recouvertes en vue de préservation.

 

   La physionomie de ce site permet de lui donner un statut d’oppidum.

   A son pied, des vestiges d’une ancienne voie de communication ont été identifiés.

   Cette voie pouvait être en lien avec la proche route du pal, qui partant des environs d’Avignon permettait de rejoindre le lac d’Issarlès et Langogne donnant accès à l’Allier moderne. Cette bifurcation permettait de rejoindre Saint-Paulien, le Puy et Bas-en-Basset.

  

Marcilhac, éperon de la Tène finale

 

   L’agglomération de Marcilhac est située sur un éperon formé par le méandre d’un affluent de la Loire, la Borne (ce terme définit d’ailleurs une limite).

   La voie antique reliant Rodez à Saint-Paulien passe en contrebas du site au sud. Les traces laissées par les chariots et les traces de réfection de la chaussée permettent d’imaginer un trafic relativement important.

   L’entrée du site est plutôt supposé identifiée vers l’est, dans le couvert végétal plongeant dans la vallée.

   D’une superficie de 12 ha, le site est entouré de versants de quelques dizaines de mètres de dénivelé, hormis au sud-ouest où il est rattaché au plateau par un isthme d’environ 300 m de longueur.

   Bien que la présence d’un rempart soit supposée, aucune preuve archéologique ne vient étayer cette hypothèse.

   Déjà occupé au néolithique, c’est durant la Tène finale que le site semble être principalement habité.

   Quelques structures excavées (caves ou structures artisanales ?) ont pu être fouillées dans les années 70 et plus récemment, ce sont des trous de poteaux qui ont pu être mis à jour, permettant d’envisager des structures en bois, dont des silos.

   Le site a livré peu de mobilier, des amphores principalement  et des monnaies mais insuffisant pour permettre de préciser la nature et l’ampleur de ce site, quoique que présenté comme oppidum velaune dans les années 50.

   Au sud, une ancienne carrière de pouzzolane a certes livré beaucoup plus de mobilier, et quelques structures, identifiées comme des caves, creusées dans la matière, mais ce secteur est encore en cours d’analyse et encore considéré comme un dépotoir antique.

   Il ne permet pas d’envisager une fonction particulière de cette zone.

 

   Il semble avoir été abandonné à la Tène finale au profit de Ruessium (Saint-Paulien, capitale du Velay gallo-romain).

  

Le Bary de Solignac-sur-Loire

 

   Identifié comme site de hauteur sur un éperon rocheux, « le Bary » est le premier site habité de Solignac-sur-Loire. L’habitat était en bois, il ne reste donc rien de ces constructions.

   Il subsiste un large mur qui barre totalement l'éperon. Cet éperon barré de 250 x 160 m est bordé au sud par un rempart en pierres sèches conservé sur 3 à 4 m de hauteur, pour une largeur de 5 à 7 m

   Marie-Caroline KURZAJ a effectué quelques sondages qui ont révélé de la céramique et a permis de dater le site au second âge du fer.

  

Eperon barré Les pins, Saint-Christophe-sur-dolaizon

 

  (Encore un peu de patience ...) .

  

En conclusion

 

   Si l’on se réfère à l’article ‘’ Les sites de hauteur du Velay, de 1400 à 450 av. J.-C.’’ de Marie-Caroline KURZAJ et Jean-Louis VORUZ, rien que le long de la Loire moderne, existent de nombreux autres sites à caractère défensif.

   Que penser de cet autre axe représenté par l’Allier moderne, et que dire de l’occupation des territoires compris entre ces 2 cours d’eau ?

   La Haute-Loire n’est pas un désert archéologique.